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Regards (entre)tissés : TENANGO DEL VALLE
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Première étape de la résidence itinérante mexicaine avec l’Alliance Française de Toluca en partenariat avec le Museo Arqueologico Roman Piña Chan à Tenango del Valle et la Secretaria de Cultura del gobierno del estado de México.


Arrivée à Tenango del Valle, dans l’état de Mexico, le 14 Mars 2019. Je visite les villes de Tenango del Valle et San Pedro Tlanixco. Guidée par des habitant.e.s chez qui je loge, je découvre leur gastronomie, leurs artisanats, les richesses naturelles alentours ainsi que leurs traditions en partageant avec eux, repas et quotidien.

Je passe également du temps dans les salles et dans la réserve du musée archéologique Roman Piña Chan ainsi que sur la zone archéologique où je ressens une forte énergie. Avoir comme atelier les étages de pyramides désertés par les visiteurs, une fois la zone fermée au public le soir, aura été une chance incroyable. Une manière de commencer ce périple mexicain au cœur d’une Histoire racontée par mes collègues anthropologues, par les habitants pour qui ces lieux sont sacrés et par les communautés qui y puisent encore l’énergie et à laquelle ils rendent hommage dans leurs rites.
J’apprends beaucoup au sujet des Mexicas et des Nahuas (communautés préhispaniques locales), à propos de leurs dieux et mythologies, de leur façon d’appréhender le monde, de leurs constructions et de leurs jeux sacrés. Surtout, je vois comment leurs traditions ont traversé le temps jusqu’à nos jours.
En effet j’ai eu la chance d’assister à différentes cérémonies Nahuas avec les communautés locales. Présente à Tenango au moment de l’équinoxe de printemps, c’est le temps du « Quinto Sol » (le cinquième soleil). J’observe des « Búsquedas de Visión » (recherches de visions), je participe à des « temazcales » (sorte de huttes de sudation ou littéralement « maison de vapeur ») et prends part aux cérémonies nocturnes de ce temps spécial dans le calendrier traditionnel local. C’est ainsi que j’accueille à l’aube, avec la communauté, ce nouveau soleil du haut de la pyramide, tout en regardant la pleine lune prendre congé de nous, plongeant dans le cratère d’un volcan. 

Équilibre et dualité. Les forces sont doubles ou quadruples : les deux faces d’une chose et les quatre éléments, les deux astres et quatre points cardinaux. J’apprends que ce mouvement c’est Nahui Ollin.

En parallèle de ces découvertes témoignant une relation avec la nature basée sur l’observation, le respect, l’amour et l’interprétation, je note aussi comment cette même nature peut être maltraitée.
Fortement touché par un consumérisme venu tout droit des États-Unis, le Mexique a une consommation de plastique faramineuse. Plastique qui en plus de se retrouver entassé dans des décharges sauvages a, petit à petit, évincé les productions locales de fibres naturelles. Disparaissent ainsi productions agricoles d’agave et les métiers associés (production, transformation et distribution) en plus des usages que ces mêmes fibres induisaient. Le lien que ces cordes dessinaient entre les habitants de San Pedro Tlanixco (communauté d’indigènes autogérée) et la nature disparait, laissant place à des logiques d’utilisation linéaires et à court terme.

Étonnamment, ce plastique sous forme de bouteille de soda ou de sac est aussi utilisé comme récipient dans les cérémonies traditionnelles. Si j’ai pu emporter d’Europe, une vision idéalisée du folklore, celle-ci s’en voit changée dès mon arrivée. Les céramiques peuvent être remplacées par des contenants industriels et cela ne pose pas de problème. Je vois que l’important reste ce que l’objet contient (offrandes, fleurs, tabac, poudre, encens, …). L’important c’est geste et l’intention que l’on y met. C’est en fait cette forme vivante qui a traversé les âges, plus que les contours figés des objets. Ce sont les chants, le bruit des tambours, les danses et les symboles qui ont été transmis. La culture mexicaine est donc tout autant faite d’anciennes céramiques aujourd’hui mieux représentées dans un musée d’archéologie comme celui qui me sert d’atelier durant la résidence, que de bouteilles de coca remplies de pulque (boisson alcoolisée dite « des dieux » à base d’agave).

Et peu importe si à un rituel intimiste et authentique, répond une cérémonie grandiloquente organisée par la région (faite de « déguisements » et de folklore réinventé par le gouvernement), les mexicains qui y prennent part continuent de lire des signes dans la nature et de s’en sentir fiers.

Ainsi les dualités ne s’affrontent pas littéralement mais composent ensemble une vision contrastée en évolution constante. L’équilibre régissant l’ensemble des mondes cosmogoniques serait donc à (re)trouver pour celui sur lequel nous vivons.






















Photographies argentiques et numériques. Carnets de recherches et croquis. 





DUALIDADES
(dualités)

Installation dans le Museo Roman Piña Chan, présentée du 23 mars au 23 mai 2019 :










Compositions, frottages sur pyramide, tissages de fibres ramassées, collectes, photographies, entretiens avec des artisans, assemblages,...

Merci à Serge, Maricel, Virgilio et sa famille, Axelle, Emmanuel, Toño et Laura.





Explorer les différentes étapes :
︎introduction et restitution finale
︎ TENANGO DEL VALLE #1
︎ SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS #2
︎ MERIDA #3
︎ QUERETARO #4
︎ SAN LUIS POTOSI #5
︎ SALTILLO #6
︎ CIUDAD DE MEXICO #7